L’équipe intégrée chez Eversys (de gauche à droite) : Frédéric Boni, Thomas Sorrentino, David Vernier, Carmelo Mazza, François Broccard, Stiven Loureiro et Georges Ayora (Blaise Baumann et Yvan Clemenzo absents).
« Oh là là, je vais me perdre ici ! » s’exclame Carmelo, en pénétrant pour la première fois dans l’immense halle d’Eversys à Sierre. Et il y a de quoi être impressionné. Si la structure parait grande de l’extérieur, l’effet est multiplié une fois à l’intérieur. Mais ce labyrinthe est bien organisé. Après des débuts hésitants, presque toute l’équipe circule de manière autonome aujourd’hui. Carmelo confirme fièrement : « J’ai essayé et maintenant c’est bon ! »
Premier tournant à gauche, pour passer devant la zone de lavage des mains et les vestiaires, puis virage à droite pour suivre un long chemin droit, balisé au sol de part et d’autre. Les zones pour les piétons et les machines sont en effet séparées pour des questions de sécurité. Nouveau tourant à droite, puis la zone de travail de l’équipe intégrée est en vue.
« On est bien ici, c’est super, continue Carmelo, et les repas sont fantastiques ! C’est dommage qu’on ne soit pas venus avant ! La seule difficulté est de se lever à 6 heures à présent. C’est plus tôt qu’auparavant. »
L’atelier Conditionnement de la Manufacture à Sion travaillait déjà pour Eversys depuis 2015. Ce fabricant suisse de machines à café, sensible à sa responsabilité sociale, sous-traitait alors à la Fovahm la préparation de kits de maintenance pour leurs machines.
En 2023, Eversys décide de franchir une nouvelle étape en intégrant des personnes en situation de handicap directement dans ses locaux à Sierre. Samuel Bonvin, responsable Production & Logistique chez Eversys explique : « J’ai toujours été impressionné par l’accueil très chaleureux lors de nos déplacements dans les locaux de la Fovahm. Il était donc tout naturel d’intégrer cet atelier chez Eversys. Cette intégration se passe très bien et nous sommes heureux de poursuivre cette collaboration. » Nicolas Toffol, responsable du centre socioprofessionnel Sion-Sierre de la Fovahm se réjouit aussi de cette continuité : « C’est une belle opportunité offerte à nos travailleurs et à leur maître socioprofessionnel ».
La transition a été préparée en amont, tant du côté de l’entreprise que de l’institution. Si Blaise, Frédéric, François, Yvan, Carmelo, Stiven, Thomas et David ont pris un peu de temps à prendre leurs marques, ils s’orientent aujourd’hui comme des boussoles et se sentent faire partie intégrante d’Eversys.
« Nous sommes vraiment très bien lotis », confirme Georges Ayora, maître socioprofessionnel de l’atelier. « Il y a une super cafétéria, des fontaines à eau et des machines à café bien sûr. Le cadeau, c’est de voir comme toute l’équipe se plaît. Pas un seul ne veut retourner à la Manufacture. Ca veut tout dire ! » se réjouit-il, tout en gardant un œil sur le travail que chacun est en train de faire. C’est qu’il y en a des boîtes et caisses différentes, remplies de pièces, joints, sachets ou autres éléments nécessaires aux kits de maintenance. Une bonne organisation est indispensable pour éviter les erreurs.
« En 2023, nous avons réalisé exactement 29’858 kits, précise Georges Ayora, avec l’aide d’autres ateliers de la Manufacture. Depuis le début de l’année, 4’192 kits ont été montés ici, dans les locaux d’Eversys. Ces kits sont à chaque fois différents. J’organise les tâches hebdomadaires en fonction des commandes que nous recevons. J’anticipe la semaine suivante afin d’assurer une continuité de travail pour l’équipe. Le but est qu’ils aient toujours quelque chose à faire, mais sans ressentir de stress. Au niveau des activités, cette intégration est idéale, car elle permet de mieux répartir le travail à exécuter. »
Le maître socioprofessionnel fait le lien entre la réalité de l’entreprise, les commandes à livrer, les délais à respecter et la réalité de travail de son équipe, avec les compétences des personnes en situation de handicap et leurs différents taux d’activité. Pour les aider, il y a parfois des astuces à trouver. Par exemple Thomas utilise un étui en carton dans lequel il place un tuyau qu’il vient d’enrouler. Cela lui permet de le glisser facilement au fond d’un sachet en plastique en évitant que celui-ci reste collé à l’entrée. « Voilà ! Et pour terminer, je mets les trois joints », explique Thomas avant de passer au tuyau suivant.
« C’est tout mélangé ! » s’inquiète soudain François. Georges le rassure : « Non, c’est bon, regarde ! » lui dit-il en montrant les images sur les bacs. « Il te faut 3 pièces de ces joints-ci et 2 pièces de ces joints-là. Si vraiment tu hésites, appelle-moi. »
Et c’est ce que chacun fait en cas de doute ou de question. « Il est primordial d’éviter toute erreur, explique le maître socioprofessionnel, c’est pourquoi je contrôle chaque pièce ou sachet. Une fois cela terminé, c’est une équipe d’Eversys qui effectue un deuxième contrôle par pointage. Si une erreur est constatée, c’est tout le lot qui doit être repris et vérifié. »
Frédéric est en train de fixer des joints sur des pièces lorsqu’un « bonjour » se fait entendre derrière lui. C’est Samuel Bonvin qui vient saluer l’équipe, comme à son habitude. Et il n’est pas le seul. De nombreuses personnes passent durant la journée. Les interactions avec les autres collaborateurs de l’entreprise sont ainsi quotidiennes : avec le service Production, Logistique, à l’extérieur durant la pause-café ou à la cafétéria à midi.
Après la crainte de l’inconnu et du changement, c’est une satisfaction unanime ressentie aujourd’hui avec une équipe entièrement intégrée à l’entreprise. Un partenariat où toutes les parties sont gagnantes, tant au niveau professionnel que personnel, avec la valorisation du travail de chacun et l’acceptation des différences.
par Juliana Seiler, Fovahm
Pour des raisons de lisibilité, le masculin générique est utilisé dans cet article, qui inclut toutes les personnes.