« Presque 30 ans… c’est quand même fou ! » s’exclame Emmanuelle Leonard. A quelques semaines de son départ à la retraite, elle revient sur son parcours à la Fovahm et confie : « Je n’aurais jamais pensé faire aussi long. Mais je ne peux que remercier la Fovahm pour tout ce que j’ai appris.
« Qu’est-ce que j’ai appris ? Beaucoup de choses. La relation humaine. Tout en fait. Tout ce qui fait ce que je suis maintenant. Lorsque j’ai commencé à la Fovahm, je ne savais pas utiliser un ordinateur. Mon responsable me disait : “Clique avec la souris”, et je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire.
« J’ai débuté comme éducatrice à Saxon, avec Jean-Marc Dupont comme responsable. J’ai ensuite continué à la Meunière, toujours comme éducatrice, puis à la Coop comme maîtresse socioprofessionnelle (MSP). J’ai ensuite travaillé avec Françoise Fellay, responsable alors du Centre de formation pour jeunes adultes (CFJA). Ensemble, nous avons créé l’actuel CFP (Centre de formation et de perfectionnement). Lorsque Françoise est partie, je suis devenue responsable, même si, à la base, ce n’était pas mon projet de vie. J’ai été encouragée dans cette voie ce qui m’a finalement fait opter pour ce poste. Mais j’ai été très contente de ce choix même si cette fonction est complètement différente de celle de MSP. C’est un autre sac à dos à porter. De plus, ce poste de responsable du CFJA, CFP et SSPE (Soutien socioprofessionnel en entreprise) est particulier car il ressemble peu aux autres postes de responsables de centres.
« J’ai toujours eu la chance de bénéficier d’une relation de confiance avec mes supérieurs, Jean-Marc Dupont et Daniel Zufferey. Après la création du CFP est venu le SSPE. La mise en place de cette prestation a représenté d’importants challenges et a demandé beaucoup d’énergie au départ. Mais c’est une belle histoire, dont 53 personnes en situation de handicap bénéficient à présent. Ce sont en fait toutes de belles histoires. Il y a eu le grand projet Grundtvig qui a été fantastique, la création de cette prestation SSPE, le déménagement ici à Sion. Le CFJA, CFP et SSPE furent pour moi extrêmement formateurs.
« Je suis très Fovahm. J’ai une loyauté indéfectible pour cette institution, tout en gardant mon esprit critique. Cette fondation m’a tellement donné. Les personnes en situation de handicap m’ont tellement apporté. C’est exceptionnel tout ce que j’ai appris d’elles, comme de mes responsables et aussi de mes collaborateurs.
« J’ai aussi aimé donner. J’ai toujours été très investie dans mon travail et à 40 ans, je ne m’imaginais pas du tout prendre ma retraite. Encore aujourd’hui, je pourrais continuer pendant des années. Je n’ai pas l’impression de partir maintenant. Mais c’est une décision que j’ai prise et je sais que c’est le bon choix pour plusieurs raisons : Tout d’abord, il faut que j’arrête quelque chose pour pouvoir m’investir ailleurs, pour ouvrir d’autres portes. Je suis incapable de travailler à 50%. C’est tout ou rien. De plus, la vie n’est pas extensible et j’ai envie de m’ouvrir sur autre chose, de voyager, de faire peut-être des études et de profiter de passer du temps avec mon mari.
« Par ailleurs, je ne prends pas cette retraite anticipée parce que j’en ai assez. Et une chose est sûre, c’est que je n’aurais pas fait les années de trop. Je pense que l’arrivée de nouvelles personnes, à un moment donné, est bénéfique. C’est ce qui fait bouger les choses. Il ne faut pas changer chaque année, mais après presque une génération entre responsables, c’est bien d’avoir du renouveau.
« Mon départ est un événement marquant pour mon équipe, mais elle est malgré tout très contente de la personne qui va me remplacer, au vu de son parcours professionnel. Moi aussi, je suis satisfaite que Mme Florie Bonvin me succède et je vais lui donner les clés avec plaisir. Elle arrive dans une très bonne équipe et je suis persuadée qu’elle va bien s’entendre avec tout le monde.
« Par contre, je ne pensais pas que partir donnait autant de travail ! J’ai commencé à trier mes affaires il y a une année et à mettre tout ce que j’ai là, dit-elle en montrant sa tête, dans un disque dur externe. Sans parler de ma bibliothèque qui était bondée. C’est un long travail qu’il faudrait commencer 2 ans à l’avance. D’ailleurs tout le monde le dit : ‘’Emmanuelle ne fait que ranger ‘’, mais ça me tient à cœur que tout soit en ordre pour Florie. Paula a déjà fait les à-fonds pour ne laisser aucune vieillerie derrière, comme des pantoufles ou brosse à dents (rires).
« Chacun sa vision du monde. Des choses que j’estime importantes ne le sont pas forcément pour d’autres. Florie fera les choses à sa façon. Sans faire de grande révolution, je pense qu’il est nécessaire de dépoussiérer les pratiques et habitudes, progressivement. Et il est important d’évoluer. « Moi qui ne savais pas, au départ, utiliser un ordinateur, je mesure aussi l’évolution technologique tout au long de mon parcours professionnel. Elle a été déterminante pour l’indépendance des personnes en situation de handicap. Par exemple, nous avons osé faire prendre le train à certaines personnes qui n’avaient aucuns repères spatiotemporels. Nous pouvions rester en contact par téléphone pendant qu’elles voyageaient jusqu’à Sierre ou Martigny ! Ça a été merveilleux de les voir gagner en autonomie grâce à cette technologie.
« Je n’ai que de jolis souvenirs de toutes ces années à la Fovahm. Il y a eu aussi des moments difficiles, bien sûr, mais très peu. Je suis une personne positive, orientée solutions. C’est mon ADN. Voir le positif ou le verre à moitié plein fait partie de ma personnalité. Je suis ainsi contente de mettre un terme à mon parcours professionnel à la Fovahm, même si cette fin suscitera beaucoup d’émotions. J’ai longuement hésité à marquer symboliquement mon départ avec une fête. Mais marquer les transitions est important et cela me permettra de mettre un point et de boucler la boucle. »
Merci Emmanuelle et belle retraite!
par Juliana Seiler, Fovahm