
« Vous êtes prêts pour les cookies ?
– Ouiiiiiii ! »
La question est simple. Et la réponse unanime. Les 6 enfants de l’UAPE Les Papivores sont dans les starting-blocks ; leurs mains sont propres et leurs manches retroussées. Mais ils ne sont pas les seuls. Les résidents du centre socioéducatif de la Pommeraie sont eux aussi fins prêts à les aider et à travailler ensemble sur cette nouvelle activité.
Jean-Daniel, Jean-Paul, Romaine et Raphaëlle ont pris place autour de la table aux côtés de leurs jeunes partenaires et tous sont impatients de commencer d’autant plus que le résultat sera dégusté pour le goûter. Tous les quatre sont à la retraite et vivent au 1e étage de la Pommeraie à Sion. Depuis deux ans, ils accueillent ces enfants de 4 ans environ une fois par mois, pour partager une activité ensemble et faire connaissance.


Tout a débuté avec l’idée de Luca Prastaro et son projet de valoriser les personnes avec une déficience intellectuelle au travers d’activités intergénérationnelles, dans le cadre de son travail de diplôme d’éducateur. L’objectif ? Offrir aux personnes en situation de handicap à la retraite une activité leur permettant de maintenir un contact social avec d’autres personnes que celles qu’ils côtoient au quotidien. En parallèle, le but était également de sensibiliser les écoliers qui débutent leur scolarité obligatoire à la déficience intellectuelle. Cette connaissance permet de leur apporter une représentation positive et respectueuse du handicap et de déconstruire d’éventuels préjugés.
La Fovahm utilise le travail comme moyen d’intégration car il valorise les personnes en situation de handicap et leurs compétences. Ce moyen prend cependant fin lors de leur départ à la retraite. Leurs interactions sociales se résument alors généralement aux professionnels qui les accompagnent et aux familles, limitant ainsi souvent les possibilités de participation sociale. Cette dernière demeure essentielle puisqu’elle favorise aussi la valorisation de chaque individu en développant son sentiment d’appartenance.
Le projet de Luca a ainsi été proposé à l’UAPE Les Papivores. Leur enthousiasme a permis d’organiser rapidement des rencontres, à raison de 2 heures par mois. Promenades, biscuits de Noël, jeux de société, cuisine, dessins ou encore séances de Snoezelen, les activités sont variées et adaptées en fonction de la météo. Un goûter finalise habituellement la rencontre avant que les enfants ne reprennent le chemin de l’UAPE. Mais l’activité est surtout un prétexte et demeure secondaire. « L’important, c’est le lien. C’est faire des choses ensemble, partager ou se raconter des anecdotes » explique Luca. Et il se réjouit aujourd’hui de voir que ces liens se développent même au-dehors de l’institution lorsque par exemple un enfant salue un résident qu’il a reconnu dans la rue. « Ce projet prend alors tout son sens » confirme l’éducateur.


De la patience et du temps ont cependant été nécessaires au départ. Il a fallu dépasser certaines craintes et réticences du côté des enfants et gérer une surexcitation de la part des résidents. Puis, petit à petit, au fur et à mesure des activités, les enfants se sont sentis plus à l’aise, les résidents davantage posés et les liens se sont créés. Ils sont visibles dans les actions spontanées des enfants ; saluer les résidents en arrivant, collaborer avec eux pendant les jeux, rire ensemble, rapprocher un verre pour qu’une personne puisse boire ou pousser une chaise pour qu’une autre puisse s’asseoir.
L’existence de ces liens s’est aussi explicitement manifestée du côté des résidents. Un après-midi, Jean- Bernard a pris l’initiative d’accompagner Luca pour aller chercher et ramener les enfants à l’UAPE. Carole a exprimé sa fierté d’avoir préparé seule le goûter pour les enfants et a été touchée par les remerciements qui lui ont été adressés. Globalement, les résidents témoignent de leur joie à réaliser par exemple un dessin ensemble ou à préparer une surprise pour leurs jeunes partenaires.


Grâce à ces activités intergénérationnelles avec les enfants, les résidents de la Pommeraie élargissent leur horizon et développent de nouvelles relations sociales. Elles permettent de mettre en avant leurs compétences et ils se sentent ainsi valorisés et considérés. Les échanges entre jeunes et plus âgés sont bienveillants et la complicité visible, pour le plus grand plaisir, également, des professionnels qui les accompagnent. « Montrer aux enfants que les personnes avec une déficience intellectuelle ont des compétences est une manière de changer leur regard, explique Luca. Mais pour avoir encore plus de sens, je souhaitais rendre ce projet pérenne afin qu’il se poursuive sur le long terme. » Aujourd’hui, l’ensemble de l’équipe éducative du 1er étage de la Pommeraie est partie prenante. Alicia, David, Elodie, Maude, Margaux, Mélissa, Nadia et Soraia participent aussi aux préparatifs et aux activités. Chacun contribue ainsi à inscrire ces rencontres dans les habitudes, pour le plus grand plaisir des enfants et résidents !


par Juliana Seiler, Fovahm
Pour des raisons de lisibilité, le masculin générique est utilisé dans cet article, qui inclut toutes les personnes.